Enquête : Comment le Sénégal est devenu une plaque tournante de la drogue en Afrique
Enquête : Comment le Sénégal est
devenu une plaque tournante de la drogue en Afrique
Le Sénégal, de par sa
situation géographique, est devenu un point de transit privilégié des
narcotrafiquants, constatent les acteurs de la lutte contre la drogue. Ce pays est un "point de transit privilégié utilisé" par les
organisations internationales pour faire passer leur drogue vers l’
Europe, précise le commissaire Abdoulaye divisionnaire, chargé de
l’office central pour la répression de trafic illicite des stupéfiants,
interrogé par l'agence Xinhua à Dakar. "On a enregistré en 2009 une
quarantaine de saisies qui portent sur cent kilogrammes de cocaïne
transportée depuis le Brésil en passant par Dakar. Une cinquantaine de
personnes ont été arrêtées", ajoute le commissaire Niang, en appui à sa
constatation. La drogue dure qui transite par Dakar à destination des
pays européens est transportée de manière diverse par les
narcotrafiquants : dans le ventre ou dans les bagages. "Une Nigériane,
qui est en ce moment dans un hôpital de Dakar, a été arrêtée, la semaine
dernière, avec 51 boulettes de drogues dans le ventre, à l’aéroport de
Dakar", renseigne l’officier de police. Selon le représentant régional
adjoint pour l’Afrique, de l’ Organisation des Nations Unies contre le
trafic de drogue, l’ Afrique de l’Ouest, Cyriaque Sobtafo, l’Afrique de
l’Ouest est devenue la plaque tournante du trafic de cocaïne. "Les
navires et avions chargés de cocaïne arrivent d’Amérique Latine à
destination des ports et des aéroports mal contrôlés d’ Afrique de
l’Ouest. En 2009, la cocaïne qui transite par l’Afrique de l’Ouest a été
estimé à 20 tonnes pour une valeur de presque 2 milliards de dollars
sur le marché de gros dans les villes européennes", indique-t-il. En 2007, il y a eu une saisie
exceptionnelle faite par la gendarmerie de Mbour, qui porte sur 2,4
tonnes de cocaïne. Des preuves qu’il y a, selon la police, un flux assez
marqué du passage des mules sur le territoire sénégalais vers l’Europe.
"Non seulement la drogue vient d’Amérique latine, mais nous sommes
entourés de pays qui font office de plaque tournante, de sorte que notre
pays est assailli, ces temps-ci", confie le commissaire Niang. "Il y a
deux semaines, les services de police gambiens ont procédé à la saisie
de deux tonnes de cocaïne et l’interpellation de nombreuses personnes
dont les étrangers. Une telle saisie, opérée aux portes du Sénégal est,
encore une fois, la preuve irréfutable que la drogue nous guette (..)",
souligne de son coté le ministre sénégalais de l’Intérieur, Bécaye Diop.
Le ministre, qui lançait la semaine de lutte contre la drogue, a
estimé que cette la lutte ne peut être efficace que quand on " mutualise
les synergies" tant au plan national, régional qu’ international. Au
niveau national, l’expansion fulgurante de la consommation et du trafic
du chanvre indien sur l’étendue du territoire Sénégalais inquiètent les
autorités. "On enregistre une consommation assez poussée du chanvre
indien à Dakar et dans les régions du pays. Nous appréhendons environ
près de 4.000 consommateurs de chanvre indien sur l’ensemble du
territoire et près de 2.000 à 2.500 trafiquants par an", explique le
commissaire Niang. Pour cette raison, le ministère de la Jeunesse a
procédé au lancement d’un guide didactique pour sensibiliser les jeunes
contre la consommation de la drogue.