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FEMMES, AVENIR DE L'AFRIQUE
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9 juin 2010

Les femmes restent de sacrées opératrices économiques dans le golfe du Bénin, mais la page des « Mama Benz » est bien tournée. L


Kadidiat-Koubarat Osseni, une commerçante douée, béninoise et yoruba.Kadidiat-Koubarat Osseni : l’après « Mama Benz »

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Les femmes restent de sacrées opératrices économiques dans le golfe du Bénin, mais la page des « Mama Benz » est bien tournée. Les nouvelles égéries du business féminin ont d’autres qualités.

PAR HANCE GUEYE, COTONOU


24_kadidiat_koubarat_osseniKadidiat-Koubarat Osseni, une commerçante douée, béninoise et yoruba.

Nous connaissions les « Mama Benz » au Bénin. Ces femmes illettrées pour la plupart, mais dynamiques, reconnues pour leur savoir-faire, leur ingéniosité, leur sens du commerce et leur embonpoint... Sou après sou, elles avaient réussi à bâtir de véritables fortunes que soulignaient les grosses Mercedes Benz qu’elles conduisaient.

Dès le bas-âge, nous assistons nos mères et tantes dans leur commerce.

Mme Kadidiat-Koubarat Osseni est certes une commerçante douée, béninoise, yoruba, la grande ethnie commerçante du golfe du Bénin. Ses affaires, bien qu’elle ne l’avoue pas, comme toutes, semblent bien marcher. Mais les similitudes s’arrêtent là. Elle n’est ni grosse, ni illettrée, elle est même charmante et fort cultivée... C’est la dernière génération en date des femmes d’affaires du golfe du Bénin. Si elles font fortune, ce n’est plus dans le seul commerce des tissus. L’heure de la diversification a sonné. L’école du commerce est pourtant restée la même. On dit qu’elles ont le commerce dans le sang. Mais il y a un vrai apprentissage. C’est une école de vie, de leur mode de vie. « Nous avons été forgées dans ce moule dès le bas-âge en assistant nos mères et tantes dans leurs activités de commerce. Dès cinq ans, il nous fallait aider à mettre les ballots de tissus, à compter les recettes. Très tôt, nous savions manipuler l’argent et en connaissions la valeur ».

Valeurs cardinalesUne éducation spartiate qui exige que la fille ne reste pas avec sa mère pour éviter qu’elle ne la gâte. Mme Osseni est élevée par sa tante, chargée de lui transmettre les valeurs cardinales de la société yoruba, l’endurance, la rigueur mais aussi le sens des affaires et le devoir d’indépendance matérielle de la femme. Autre curiosité, les « Mama Benz » illettrées ont veillé scrupuleusement sur la scolarisation de leurs enfants. Une forme de revanche ou de réalisation d’un rêve qu’elles n’ont pu assouvir pour elles-mêmes. Mme Osseni sera donc médecin. Après ses études primaire et secondaire entre le Mali, le Niger, la Guinée et le Sénégal, puis des études de médecine à Cotonou. Elle exerce pendant cinq années, devenant médecin-chef de deux centres médicaux à Cotonou. Elle aimait son métier, mais n’a pu supporter l’impuissance à sauver des vies parce qu’il manque des médicaments que le patient ne peut acheter. Sans compter les salaires de misère.

Un trait très important de la femme béninoise ,et de surcroît chez la femme yoruba, est de cultiver son indépendance économique.

Commerçante au collègeLe virus ne tarde pas à devenir trop pressant. La première occasion a été l’ouverture du marché autrichien, réputé pour la broderie anglaise. Elle franchit le pas. Adieu blouses et souffrances inguérissables. Mais où trouve-t-elle l’argent nécessaire ? La question la fait presque sourire. Comme toute femme yoruba, elle a ses économies. Parce que dans cette ethnie, « on ne dépense jamais tout ce qu’on a. Quel que soit le revenu, une partie est nécessairement épargnée. » Ses premiers revenus datent de ses années de scolarité au Sénégal. Elle faisait déjà venir des tissus de son pays qu’elle vendait aux autres élèves. Elle poursuit l’activité à l’université, où elle ravitaille ses camarades en sacs, chaussures, bijoux plaqués or, etc.). Aux économies s’ajoute la solidarité familiale. Commence donc l’importation de la broderie anglaise qu’elle vend en gros. Mais les temps ont changé. Les nouvelles femmes d’affaires ne se contentent plus du commerce des tissus. La concurrence impitoyable des tissus chinois ne leur laisse guère le choix. Autre différence de taille, elle quitte l’informel pur et dur. Mme Osseni a fondé en 1982 une SARL au capital de 10 millions de FCFA, 15 000 euros, et ouvert plusieurs magasins spécialisés dans le commerce des jouets de marque. Ses deux « super bazar » sont très réputés à Cotonou car on y trouve tout ce dont on a besoin pour une maison. Elle demeure néanmoins très prudente à l’égard des banques. « Je travaille beaucoup pour stabiliser mes affaires et avec beaucoup de rigueur. Sinon c’est la catastrophe, car je roule presque sur fonds propres. Je n’ai pas le choix. Il faut éviter, par ces temps moroses sur le plan économique, de s’endetter. »

Pensez-vous que tous les hommes qui ont des responsabilités sont compétents ? Pourquoi ne pose-t-on jamais la question de leur compétence ?

Militante des droits de l’hommeLe business seul ne suffit plus. « Nos mères se sont battues pour que l’on réussisse et qu’on soit là où elles ne pouvaient accéder. C’est dans ce cadre que je me bats ». Se battre, Mme Osseni le fait depuis de longues années. « Il faut se mouiller, dit-elle. Prendre la parole. Ne pas laisser le pays dans les mains de ceux qui nous dirigent. Je lutte pour le progrès des individus et en particulier pour une réelle promotion du statut de la femme dans mon pays ». Ardente militante des droits de la femme, mais aussi redoutable politicienne. Elle a été élue députée de la ville de Cotonou en 1991, puis nommée ministre du Travail, de l’Emploi et des Affaires sociales. Actuellement, elle est présidente de la Fédérations des associations de femmes du Bénin et du Réseau national pour la parité. A-t-elle l’ambition d’accéder, un jour, à la magistrature suprême du Benin ? Non rétorque-t-elle. « Mon ambition est d’aider les femmes à émerger. Que la parité soit respectée dans toutes les institutions et dans le gouvernement. Là, on sentirait un réel changement dans la société. »

N’évoquez surtout pas la question de la compétence des femmes. Elle bondit littéralement. « Pensez-vous que tous les hommes qui ont des responsabilités sont compétents ? Pourquoi ne pose-t-on jamais la question de leur compétence ? Il ne faut point s’y tromper. Chaque fois que les femmes émergent, elles ont toujours de nombreux atouts, sinon elles n’arriveraient pas vu le parcours de combattant qu’elles doivent faire pour se faire reconnaître. Il faut que l’on en arrive à l’égalité, l’équité et la parité, voilà le socle qui bâtit une société de progrès et démocratique ». Concilier famille, affaires et mouvements associatifs et politiques ? Elle répond par une question. « Pourquoi doit-on toujours poser cette question aux femmes ? Elle devrait plutôt être posée aux hommes pour les amener à s’impliquer davantage dans l

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